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Mangeuses


Éditeur : François Bourin Editions
ISBN papier: 9791025205952
ISBN numérique ePub: 9791025205969
Parution : 2023
Catégorisation : Livres numériques / Sciences humaines / Sciences sociales / Études culturelles

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Format Qté. disp. Prix* Commander
Livre papier En rupture de stock** Prix membre : 35,06 $
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Numérique ePub
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Illimité Prix : 23,99 $
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***Ce produit est protégé en vertu des droits d'auteurs.




Description

Qui a tué la gourmandise féminine ? On lie souvent les troubles alimentaires féminins à l’intensification du diktat de la minceur dans les années 1970, mais ce phénomène, encouragé par l’industrie capitaliste, est bien plus ancien. Du mythe d’Ève, soumise à perpétuité au désir masculin pour avoir goûté au fruit défendu, à l’émergence des premiers restaurants – réservés aux hommes –, en passant par leur exclusion de la gastronomie, les femmes semblent condamnées à cuisiner et servir tout en s’affamant, à être ménagères ou gloutonnes quand les hommes sont grands chefs ou fins gourmets. Comment a-t-on déréglé l’appétit des femmes ? Comment les mouvements féministes contemporains abordent-ils le rapport à la nourriture et au corps ? En fouillant dans l’histoire et la littérature, et en donnant la parole à des mangeuses de tous horizons, ce récit-enquête incarné tente de répondre à ces questions et apporte quelques miettes d’espoir dans un monde d’affamées. Journaliste et podcasteuse, Lauren Malka chronique pour Causette et pour l’émission de Jamy Gourmaud Les Épicurieux. Elle a écrit et coréalisé le documentaire La France aux fourneaux, et participé à quatre recueils féministes, dont Ceci est mon corps et Survivre au sexisme ordinaire. « Ce livre est salutaire. » Ryoko Sekiguchi Journaliste pour Causette, autrice et coréalisatrice du film La France aux fourneaux (présenté par François Morel), Lauren Malka est aussi chroniqueuse culturelle sur France 5 et Canal+. Depuis trois ans, elle réalise le podcast littéraire Assez parlé, où elle interroge les écrivain·es sur leur rapport à l'écriture. Elle a participé aux recueils féministes Survivre au sexisme ordinaire et Ceci est mon corps, et signé Le goût de la philosophie et Les journalistes se slashent pour mourir. Dans la mythologie, la littérature, le cinéma, les hommes mangent. Ils musclent leur « fraternité » autour de grandes bouffes, de banquets. D’ailleurs, le mot « fraternité » vient du mot « pain » dans de nombreuses langues (que l’on pense à bread/brother en anglais ou Brot/Bruder en allemand). Les femmes ? Elles émiettent leur « sororité » au fil des siècles en conseils et astuces pour briller aux fourneaux et surtout… ne pas manger. Aucun roman ni film célèbre ne les réunit autour de tablées. Les femmes gourmandes sont surtout vues comme appétissantes, voire lascives. Depuis quelques décennies, la société s’inquiète. Médias et médecins tirent la sonnette d’alarme : les femmes seraient en train de tomber malades. Trop « maigres », trop « grosses », trop enclines à succomber aux plaisirs de la chère ou, au contraire, à y résister de façon excessive. On diagnostique des « épidémies d’anorexie et de boulimie » chez les adolescentes. Comment s’en étonner ? On date souvent les troubles alimentaires féminins de l’époque où apparaît le diktat de la minceur, dans les années 1970, mais l’injonction, pour les femmes, à s’entourer de nourriture sans manger est bien plus ancienne et profonde. Depuis l’Antiquité, le soupçon pèse sur les femmes qui mangent. Pandore, première femme de l’Histoire dans la mythologie grecque, doit cacher son « estomac de chienne » dans un corps parfait. Ève, dans la Bible, est condamnée à se soumettre à tous les désirs masculins pour avoir croqué la pomme. Au Moyen Âge, le péché de gourmandise affecte les femmes, bien plus que les hommes, puisqu’elles sont jugées incontrôlables et n’ont pas accès à la « raison ». Au xviie siècle, les premiers cafés parisiens servent à manger mais les femmes en sont exclues. Au xixe siècle, c’est encore pire : manger devient un art, une science, une éloquence. On appelle cela la « gastronomie » et on interdit aux femmes de s’y initier. Dans les livres, les pages de journaux ou les émissions consacrés à la cuisine, les femmes sont présentées comme des ménagères ou des mères au foyer, tandis que les hommes sont des experts ou des professionnels, tantôt chefs, tantôt critiques gastronomiques ou gourmets. La femme qui mange, elle, reste sur le côté : une gloutonne, une malade, à l’appétit forcément déréglé. La littérature n’est pas en reste. La comtesse de Ségur fait ainsi défiler de délicieux fruits confits sous les yeux de la petite Sophie avant de lui taper sur les doigts lorsque celle-ci a le malheur d’y succomber : « Tu ne mangeras pas, ma fille ! » Lolita, l’héroïne de Nabokov, plante ses dents dans une pomme juteuse, excitant le désir du narrateur, et finit par s’allonger sur la table, non pour manger mais pour être dévorée, de la tête aux pieds. Dans l’histoire personnelle de Lauren Malka, le rapport à la gourmandise est central. C’est un plaisir, une fête, un lien à la convivialité, aux origines, une créativité des parfums et des couleurs… mais aussi un tracas, un tourment, une obsession. En se mettant à l’écoute d’autres femmes d’âges et de milieux différents, et mêmes d’autres époques, elle s’est rendu compte que son histoire était d’une banalité extrême. Les filles, les femmes, du passé et d’aujourd’hui, vivent la gourmandise comme une trahison. Condamnées à jouer les gourmandes sans manger, à cuisiner et à se réprimer, les femmes n’ont d’autre choix que de se dissocier de leur corps. Comment a-t-on déréglé l’appétit des femmes ? Comment les oblige-t-on à servir, s’asservir et s’affamer ? Et comment se réapproprient-elles ce rapport à la nourriture et à leur corps ? À la frontière entre l’Histoire, le récit incarné et l’enquête de société, assaisonné d’anecdotes culinaires légères ou tragiques, Mangeuses tente de répondre à ces questions et d’apporter quelques miettes d’espoir dans un monde d’affamées. Journaliste pour le magazine Causette, autrice et coréalisatrice d’un film sur l’histoire de France à travers ses pratiques culinaires (La France aux fourneaux, présenté par François Morel, TV Only/France 5, 2020), Lauren Malka est aussi chroniqueuse dans différentes émissions culturelles sur France 5 et Canal+. Depuis trois ans, elle réalise le podcast littéraire Assez parlé, produit par l’école Les Mots, où elle interroge les écrivain·es sur leur rapport à l'écriture. Formée à la littérature, à la philosophie et au journalisme, elle a participé au recueil féministe Survivre au sexisme ordinaire (Librio, 2021) et à la série Ceci est mon corps, Ceci est mon cœur et Elles ne sont pas celles que vous croyez (Rageot/Causette), et signé des livres sur Le goût de la philosophie (Mercure de France, 2019) et sur le journalisme à l’heure du web (Les journalistes se slashent pour mourir, Robert Laffont, 2016). Née dans une famille méditerranéenne qui ressemble à tant d’autres familles dans le monde, elle a grandi en observant ses tantes remplir les assiettes de leurs hommes et a développé deux passions contradictoires : l’une pour l’art culinaire et l’autre pour les régimes amaigrissants. Parisienne pur jus, Lauren va souvent à Metz (où son frère habite) et à Rome (où elle a vécu et dont elle fréquente assidument la librairie française).