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Le Feu à Cheyseron


Éditeur : Editions Zoé
ISBN numérique ePub: 9782889072248
ISBN numérique PDF: 9782889072255
Parution : 2023
Catégorisation : Livres numériques / Autre / Autre / Autre.

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***Ce produit est protégé en vertu des droits d'auteurs.




Description

En 1912, Ramuz vit depuis huit ans à Paris. Encore considéré comme un écrivain du terroir en France, Feu à Cheyseron, qui va sortir en 4 épisodes dans la revue littéraire Bibliothèque universelle et Revue suisse, campe les bases de la reconnaissance que la capitale lui réservera une dizaine d’années plus tard. Mêlant intrigue amoureuse et réflexion sur le destin des communautés, Ramuz livre là une histoire tragique, aux accents de légende montagnarde, qui a inspiré le cinéma expressioniste de Dimitri Kirsanoff (1934). Considéré comme l’écrivain le plus important de Suisse romande, C.F. Ramuz est un inventeur de formes romanesques, un explorateur des registres et des ressources de la langue, un essayiste et un nouvelliste hors pair. A? travers des titres choisis par Daniel Maggetti et Ste??phane Pe??termann, préfacés et annotés par des critiques aux horizons variés, la Petite bibliothèque ramuzienne ouvre l’accès a? des textes peu connus, mais fait aussi découvrir autrement les œuvres emblématiques de l’auteur. C’est un peu pour rire, un peu pour se venger des « Allemands » aussi, que Firmin enlève Liseli l’Allemande, juste avant de descendre de l’alpage. S’il a quelques remords parce que le chagrin de Liseli la rend d’abord muette et amorphe, comme morte, il les oublie vite quand les hommes du village le complimentent du bon tour joué à ces Allemands qui les ont tant ennuyés. C’est sans compter le petit Hans, frère de Liseli qui va tragiquement mourir dans les montagnes des francophones en tentant de retrouver sa sœur. Sans compter non plus la tristesse de Josette, l’amoureuse de Firmin. Ni peut-être un plus grand malheur encore, celui annoncé par Mânu, qui leur prédit le mal quand on agit si mal. Mais pour l’instant, personne ne l’écoute. Le petit Hans, qui cherche sa sœur dans la haute montagne, vient de chuter dans le brouillard : « Quand il revint à lui, il faisait nuit. Comme il essayait de bouger sa jambe, il poussa un gémissement. Et il vit qu’il ne pouvait plus bouger sa jambe, qui était à côté de lui comme une chose morte et étrangère à lui. Il leva sa main à sa figure, il toucha quelque chose de gluant. Alors il étendit la main et il sentit qu’il était suspendu sur une étroite corniche, guère plus large que son corps ; et au-dessous de lui était le vide et au-dessus de lui la paroi. Il se sentit faible, il se sentit tout petit ; il se sentit un besoin de dormir, avec un besoin de pleurer ; il toussa, des larmes lui vinrent ; il appela : « Maman, maman ! » Il entendit que sa voix ne faisait aucun bruit et il poussait comme du vide hors de sa poitrine. Quelque chose d’épais et de chaud continuait à couler de sa bouche ; il toussa encore une fois, puis tout disparut de nouveau. » Josette, l’amoureuse de Firmin, lui a donné rendez-vous. Elle veut lui dire son inquiétude parce que Firmin, depuis qu’il est descendu de l’alpage avec l’Allemande, n’est plus comme avant : « – Ne ris pas, Firmin, tu me fais trop de peine. J’ai tellement ruminé là-dessus, je suis tellement tourmentée ! Tu sais, quand on est seule, ça grossit les idées, et j’étais toute seule, je ne te voyais plus. Alors j’ai imaginé toute une histoire ; j’ai imaginé que si tu avais amené cette fille, c’était que tu l’aimais et qu’elle te plaisait mieux que moi. » Le froid, la neige : « Alors un matin, les fontaines prises, l’eau devenue pierre et qu’il faut casser. Et le matin suivant, la neige en gros épais bonnets sur les toits. Un épais chapeau leur est mis, sous quoi les fenêtres regardent avec un air d’étonnement, et on s’étonne dans les chambres de la clarté qui les remplit ; parce qu’il semble que le ciel est gris et pourtant il fait clair comme par un grand soleil, mais c’est une clarté qui vient d’en bas et on dirait que le soleil est en bas. Et puis, quand il vient, le vrai soleil, tout s’allume, et tout est comme un feu de copeaux allumés. En arrière de soi, la haute montagne apparue, et au sommet des toits et à la pointe des barrières, partout où il y a un relief, une petite flamme tremble, partout où il y a une brisure une étincelle est accrochée, et par les grands espaces doux, les reflets et les ombres jouent les uns près des autres. Il n’y a rien de blanc et il n’y a rien de noir, tout est couleurs et nuances ; tout est une chanson de couleurs et une harmonie de nuances, dans la belle santé de l’air, sous le grand creux vide du ciel. » F. Ramuz (1878-1947) est l’écrivain le plus important de Suisse romande. Né à Lausanne, il fait des études de Lettres puis passe dix années à Paris, où il fréquente Charles-Albert Cingria, André Gide ou le peintre René Auberjonois et écrit entre autres Aline (1905), Jean-Luc persécuté (1909), Vie de Samuel Belet (1913). Dès ces premiers textes, les thèmes ramuziens de la solitude face à la nature, l’amour et la mort sont déjà présents. L’écrivain rentre en Suisse peu avant la guerre.Peu à peu, Ramuz abandonne la linéarité de l’intrigue et adopte un narrateur souvent collectif et anonyme. Ses romans parlent d’ordre et de transgression, de création et de destruction, toujours d’amour et de mort. Son style audacieux lui vaut des critiques : on lui reproche de faire « exprès » de mal écrire. Dès 1924, Grasset publie ses livres et lui assure un succès auprès des critiques et du public. Son œuvre est aujourd’hui publiée dans la collection de la Pléiade.

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