Éditeur : Editions Zoé
ISBN numérique PDF: 9782889072064
ISBN numérique ePub: 9782889072057
Parution : 2023
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Ils étaient cinq, venus des quatre coins du monde : Até Petre, Betty Wang, Kurt, Céline et Anatole. Réunis pour une mission cruciale : dire la vérité au sujet des déchets nucléaires, veiller aux conditions de leur stockage définitif, et surtout transmettre ce message aux générations futures, dans 10'000, 100'000 voire un million d’années. Ils ont créé un ordre érudit avec des rituels bienfaisants, une organisation sociale et politique subtile. Petit à petit l’ordre s’est agrandi, bientôt dix novices les ont rejoints. Mais comment résister face aux intérêts politiques, aux logiques de profit de l'extérieur ? Pour traiter un des problèmes les plus urgents du monde d’aujourd’hui, Annette Hug tisse un roman foisonnant et visionnaire. Annette Hug a suivi des études d’histoire à Zurich puis de Women and Developement Studies à Manille. Elle a séjourné en Chine et en Corée et continue d’apprendre le chinois depuis Zurich où elle vit aujourd’hui. Le Grand Enfouissement est son quatrième roman, le deuxième traduit en français. www.annettehug.ch/français/ Annette Hug s’empare d’un problème très actuel : le traitement des déchets nucléaires. « En la matière, apprendre des erreurs du passé est nécessaire mais insuffisant. Il faut anticiper, imaginer les pires scénarios, et chercher à les prévenir avant qu’ils se produisent. Imaginer, c’est bien la compétence première de la littérature. » (Dominik Müller, dans son discours à l’occasion du Prix Schiller 2022, remis à Annette Hug pour Le grand enfouissement.) Et Annette Hug imagine, invente, propose une solution pour traiter les déchets nucléaires de la façon la plus raisonnable et « durable » qui soit. Car parler de durée en matière de déchets nucléaires est une gageure tant la durée de vie, et surtout de dangerosité, de ces déchets dépasse l’entendement humain : on parle de 100'000 voire, un million d’années. Et si la solution, pour survivre au passage du temps, était la fondation d’un ordre basé sur les principes des ordres monastiques ? Sa mission : transmettre à travers les âges le savoir et les avertissements. Le représentant d’un consortium actif dans l’industrie nucléaire en a eu l’idée, il commencera par soutenir le développement, avant de s’évanouir dans la nature, laissant l’ordre balbutiant se débattre avec des questions d’organisation et d’idéologie qui le dépassent. Car comment s’emparer d’une telle mission impossible ? Par où commencer quand il faut penser à tout et surtout à l’impensable ? C’est ainsi que cinq personnages, aux horizons et issus de milieux très différents, se rejoignent pour former un groupe qui aura pour objectif de travailler à ce problème insoluble. Scénarios du futur Intercalés dans le récit, cinq chapitres jouent avec les codes des récits de science-fiction. Ces « scénarios du futur » nous plongent dans un avenir plus ou moins lointain (entre +40 ans et +350 ans) où la narration principale cède la parole aux fondateurs de l’ordre. Chacun-e à leur tour ils se projettent dans l’avenir et imaginent le futur de l’ordre et des déchets radioactifs dans un monde futur dont on ne connaît rien des valeurs et ordre de priorité : on passe ainsi de la dystopie post-nucléaire à l’utopie d’un ordre global, planétaire, dans lequel les algorithmes sont au service du bien. Les membres de l’ordre témoignent le plus grand respect pour leur diversité culturelle et sociale, pour leurs différentes compétences, dont certaines sont absolument spectaculaires et d’autres tout à fait anodines en apparence : de la physique nucléaire au professeur de taï-chi, toutes contribuent au bon équilibre de l’ordre. Et il faut bien imaginer un collectif aussi divers et transversal que celui-ci pour relever l’immense défi qui attend l’ordre. Pour le relever, des solutions purement technocrates ne suffisent pas – il faut miser sur l’humain, sur ses qualités sociables et sur sa créativité qui surpasse les connaissances technologiques. L’organisation collective et du travail est donc naturellement fondamentale au sein de l’ordre. On passe d’un récit à l’autre, une pensée en entraînant une autre et les éléments les plus personnels ont de l’importance parce qu’ils influencent une vision du monde. Quelques extraits La fondation de l’ordre « « Vision : Aucun être humain ne devra trouver la mort à cause des radiations d’un stockage définitif de déchets atomiques. » […] Plusieurs passages suivaient ensuite, qui abordaient les aspects concrets, parlaient « d’outcome », de résultats, et de « valeurs limites » ; de la nécessité d’informer les générations futures, les peuples ou les espèces à venir de la dangerosité des déchets radioactifs. La question fondamentale était : comment ? « Ways and means : en vue d’atteindre ces objectifs, nous préconisons la création d’un ordre. » […] Petra avait lu l’histoire de ces moines itinérants irlandais qui avaient fondé des abbayes hors du temps dans une Europe dévastée. « Un monastère est à ce jour la méthode la plus sûre pour sécuriser le savoir et en assurer la transmission de génération en génération », disait le projet. « Ambition temporelle : un million d’année. » La durée nécessaire pour que les radiations cessent d’être dangereuses. Un ordre monastique était seul à même de subsister à travers les âges afin d’avertir sur les dangers inhérents au stockage définitif : tremblements de terre, ignorance, rivalités ou chute de météorite, corrosion. « Do no harm : le consortium met un point d’honneur à ne pas ajouter de nouveaux risques par la mise en place de cet ordre savant. Toute forme de fanatisme est à éviter. » Il était exclu de se rallier à des organisations existantes. « Le respect de la science est primordial » […]. Elle, Petra, avait le profil recherché pour relever le défi, elle correspondait, peut-être pas en tous points, mais bien à une majorité des critères. Elle s’y connaissait en calcul de probabilités, elle avait une expérience de la direction, ne manquait pas d’imagination, et puis elle était libre, sans attaches, à l’aise dans les milieux économiques, capable aussi bien de gestion d’entreprise que de gestion domestique ; il fallait développer un quotidien, une autonomie, le but fixé par le consortium était que l’ordre atteigne l’indépendance financière au bout de deux ans. » Le quotidien et la réalité de chaque personnage comme source d’inspiration pour les règles de l’ordre « Dans l’agglomération de Manille, le trafic s’organisait oralement, rapporte la « Vita of Betty Wang ». Un grand nombre de conducteurs proposait des places dans [les jeepneys,] ces anciennes jeeps militaires repeintes de toutes les couleurs. On pouvait y asseoir douze à quinze personnes, à gauche, dans la nef du véhicule. A l’extérieur, les couleurs criardes des slogans religieux et des pin-ups sautaient aux yeux, tandis qu’à l’intérieur les gens étaient réunis en une petite communauté, dont chaque personne qui la rejoignait comprenait immédiatement les règles. Betty et Petra se serviraient souvent des jeepneys comme d’une métaphore. Des règles d’une telle simplicité qu’elles en étaient immuables ; c’est de ça qu’elles rêvaient pour l’ordre. Tu poses une question, tu obtiens une réponse, tu tends l’argent et reçois la monnaie en retour. Tout le monde est à la fois passager et contrôleur. Pas besoin d’avoir quoi que ce soit d’écrit tant qu’on peut parler et que les gens continuent de descendre et de monter. » Extrait d’un des cinq « scénarios du futur »: Un scénario du futur dans plus de trois cents ans raconté par Betty Wang, Medica, un soir d’automne de l’an seize devant toute l’assemblée « Réunis par centaines dans la grande salle et dans les couloirs, nous nous mettons à genoux tous ensemble – Les costumes bouffent – Une ruelle s’ouvre pour laisser passer les chevaux des Envoyés – Des mouches violettes bourdonnent autour de leurs naseaux, des houppes ornent leur crinière blanche et or, des cloches, du cuir orange, des fleurons ; les moines déploient leurs ailes, ils brandissent leur sabre recourbé et tendent leurs joues pâles – Nous braillons en chœur – L’étoffe qui nous couvre est précieuse, et même plus : elle est tissée d’or céleste – Nous nous redressons et un souffle frais agite nos cols, nos colombes bien-aimées sortent des couronnes à tire-d’aile, par centaines – » Nous, ce sont les gardiennes des cavernes, les auteurs du cadastre, nous consignons ce qui irradie, à l’échelle du monde – nous condamnons l’accès aux portes profondes et protégeons la roche – de chaque mesure, nous nous portons garants, de chaque coordonnée. Garants, une fois l’an, devant le monde entier. […] Toutes sont répertoriées, et tout a été contrôlé ; les données sont sauvegardées, sur nos disques est inventorié le contenu de tous les stockages, temporaires ou définitifs, l’emplacement des ruines dans les zones touchées, des eaux contaminées, et même les sources orphelines de radioactivité, quand on les a trouvées, ont été nommées, localisées – Dans ce futur, notre ordre aura pour mission de livrer à l’Unité-monde les coordonnées exactes et les données nécessaires à une bonne gouvernance. Nous cataloguons la planète afin que les forages et les tunnels puissent être percés correctement, avec suffisamment de précaution, c’est surtout ça : avec précaution. Nous préservons la paix des roches. Dans les entrailles de la terre, chaque caverne de dépôt définitif sera sûre tant que le cadastre est respecté – Nous livrons donc les données exactes et celles-ci sont injectées dans la Raison qui régit tout, nous alimentons les algorithmes de faits, de faits incontestables, et nous accueillons les Envoyés, ces êtres qui prêtent à la Raison un visage humain, et un corps de chair et d’os. Naissance de la vie communautaire « C’est réconfortant de remplir la petite cafetière, de la chauffer et de sentir la bonne odeur du café, juste avant qu’il ne monte. Ce parfum est plus fort que toutes les autres odeurs qui se répandent dans notre chambrette. C’est aussi Kurt qui nous a appris à installer des câbles pour fixer les nouvelles prises électriques. Nous avons calculé la quantité de courant, compté les appareils, pronostiqué les zones de faiblesse pour les écarter. Dans la salle des fêtes du cloître, l’électronique pour les divertissements était alimenté via un réseau indépendant. Les cuisinières de camping et les thermoplongeurs avaient dû être interdits dans les dortoirs. Si, la nuit ou l’après-midi, quelqu’un voulait boire un café solo, il était obligé de se rendre dans la grande maison. La cuisine se remplissait de chuchotis. On y était rarement seul pour de bon. Une nuit, Kurt nous a raconté comment, à l’école, il avait toujours été plus ou moins à côté de ses pompes. Il s’est levé, il a retiré ses pantoufles poussiéreuses et il s’est mis juste à côté. Il les désignait comme si cette image pouvait tout expliquer. Les profs regardaient là, l’espace vide au-dessus des godasses. C’est quand les filles avaient commencé à le regarder vraiment dans les yeux qu’il s’en était rendu compte. Elles aimaient qu’il ne se croie pas très intelligent, mais qu’il leur parle de mouettes, qu’il s’y connaisse en matière de courant haute tension, sans pour autant fanfaronner, et qu’il soit capable de dégrafer très lentement un soutien-gorge dans le noir. Comme si c’était la partie des préliminaires qu’il préférait. Il abordait d’ailleurs toutes les fermetures, éclairs ou boutons de braguette, avec soin et délicatesse, très calmement, mais sans traîner pour autant. Kurt est resté longtemps en chaussettes à côté de ses pantoufles. Il était descendu dans la cuisine pour boire un verre de schnaps, il en a versé aussi dans nos thés. Nous nous demandions qui pouvait lui manquer à ce point. Des Cinq Premiers, il était le seul à avoir un enfant, une fille. À l’époque elle avait dix-sept ans, et elle lui rendait parfois visite. La mère de la fille, on ne l’a jamais vue. » Annette Hug est née en 1970 à Zurich. À 20 ans, elle milite activement pour le droit des femmes et fait la connaissance de groupes militants aux Philippines. Elle décide alors d’y poursuivre ses études d’histoire et quitte Zurich pour l’Université de Manille, l’une des rares à proposer un cursus de Women and Developement Studies au début des années 1990. Elle apprend le tagalog, s’engage parmi les associations féministes et noue avec le pays un lien étroit. De retour en Suisse après ses études, elle enseigne à l’université, travaille comme secrétaire centrale dans un syndicat, et écrit pour différents journaux. Depuis 2017, elle s’adonne à l’écriture et s’engage dans différentes associations et fondations, notamment la James Joyce Fondation, à Zurich. Quand elle n’est pas dans cette ville, c’est qu’elle voyage ou séjourne dans un petit village du Jura bilingue, proche de Delémont. Elle travaille actuellement à l’écriture de son cinquième roman et à la traduction de plusieurs poètes et écrivains philippins.
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